Timbre : 1968 ROCHEFORT - PONT DE MARTROU

On n’y pense pas souvent, mais un pont peut changer la vie d’une région. À Rochefort, avant 1966, traverser la Charente, c’était une affaire de patience – et de transbordeur. Ce vieux pont suspendu, mis en service à la fin du XIXe siècle, était charmant… mais dépassé. Avec la hausse du trafic routier, il fallait du neuf, du solide, du moderne. Et c’est ainsi qu’est né le pont levant de Martrou.

Lancé en 1964, le chantier dura près de trois ans. Il fallait faire vite, mais surtout faire bien. L’idée ? Construire un pont qui ne gêne ni les voitures sur la route ni les navires qui remontent la Charente. Facile à dire. Moins à faire. Le terrain, gorgé de vase, ne se laissait pas dompter. Il fallut aller chercher le rocher à plus de 20 mètres sous terre pour y poser d’immenses pieds en béton, façon trépieds géants.

Puis, le 25 novembre 1966, moment clé : la travée mobile en acier — une pièce de 560 tonnes montée juste à côté — est tractée doucement jusqu’à son emplacement, puis suspendue comme par magie entre les deux pylônes. Tout un ballet de câbles et d’hydraulique permet à cette portion de route de monter ou descendre en moins de deux minutes. Pas mal pour l’époque, non ?

Le nouveau pont a tout changé. Plus besoin de patienter à côté d’un transbordeur poussif ou de faire un détour de 15 km. Grâce à lui, 3 000 véhicules par jour peuvent désormais filer droit vers Royan ou l’île d’Oléron. Et tout ça, sans sacrifier la navigation fluviale. Comme quoi, parfois, un “simple” pont, c’est un petit chef-d’œuvre d’ingéniosité.

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