Timbre à date 1er jour

Description | À la mémoire des déportés, monument de Paris crée par l'architecte Georges-Henri Pingusson |
Commentaire | Au cœur de l’Île de la Cité, un escalier étroit et abrupt s’ouvre sur un espace souterrain où résonne le silence des absents. Conçu par Georges-Henri Pingusson à l’initiative du Réseau du Souvenir, le Mémorial des Martyrs de la Déportation, inauguré en avril 1962, se veut un lieu de mémoire sobre et puissant, évoquant sans artifice la souffrance de plus de 200 000 déportés français. Dès la première marche, on ressent la claustrophobie voulue : l’entrée entre deux massifs pylônes de béton rapproche le visiteur de la condition des prisonniers, contraints de circuler dans des couloirs oppressants. Au fond de la galerie, une crypte hexagonale s’ouvre, centrée sur une simple sépulture creusée dans la terre. Là, deux cent mille bâtonnets de verre scintillent comme autant d’âmes parties vers l’inconnu, tandis qu’au fond du tunnel brûle une flamme éternelle, symbole d’espérance et de fidélité. De part et d’autre, des niches recueillent la terre des quinze principaux camps et les cendres des crématoires, rappel discret mais poignant de l’« agonie lente » décrite par les témoins de la Libération. Des cellules vides et des murs gravés de cris et de bribes de poèmes murmurent l’expérience intime de la torture et de l’exil intérieur. Chaque détail — l’éclairage tamisé, les matériaux bruts, la géométrie rigoureuse — vise à faire naître une émotion pure, loin de tout effet théâtral. Au sortir de ce sanctuaire creusé sous les pierres de Paris, on porte avec soi la leçon d’un combat contre le fanatisme et l’oubli. Fidélité à la dignité humaine et vigilance face aux passions collectives : voilà l’héritage du Mémorial, qui nous invite, aujourd’hui encore, à demeurer gardien de la mémoire pour que jamais ne se referme définitivement la bouche de la terre où tant ont pénétré sans jamais revenir. |
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