Timbre : 2025 800 ANS DE LA CATHÉDRALE SAINT-PIERRE DE BEAUVAIS

Il y a des lieux qui semblent défier le temps. La cathédrale Saint-Pierre de Beauvais en fait partie. Cette géante gothique fête ses 800 ans en 2025, et son histoire ressemble plus à un roman d’aventures qu’à une simple construction de pierre. Tout commence en 1225 : l’ancienne église, Notre-Dame de la Basse-Oeuvre, est détruite par un incendie. Plutôt que de se laisser abattre, l’évêque Milon de Nanteuil décide de viser plus haut, littéralement plus haut que tout ce qui existait alors. Résultat : Beauvais devient la cathédrale gothique la plus haute du monde.

Mais la grandeur a son prix. Les voûtes du chœur, terminées en 1272, s’effondrent en partie quelques années plus tard. On répare, on reprend, on ralentit, la guerre de Cent Ans et les crises n’arrangent rien. Finalement, à la Renaissance, une tour vertigineuse est construite… avant de s’écrouler quatre ans après son inauguration, entraînant un pan entier du bâtiment. Franchement, on dirait presque une malédiction. Pourtant, malgré ces déboires répétés, Saint-Pierre tient debout. Pas de nef complète, des étais posés en 1993 pour la maintenir, et aujourd’hui encore des restaurations permanentes pour consolider ses murs.

Quand on lève les yeux vers ses 48 mètres de voûte, on sent à quel point les bâtisseurs du Moyen Âge cherchaient à toucher le ciel. Et c’est sans doute ça qui la rend unique : ce mélange de fragilité et de grandeur. Depuis 2007, les travaux se poursuivent pour la sauver, morceau par morceau : toitures, cloître, façade sud… C’est comme si chaque génération devait mettre son grain de sel pour que la cathédrale continue son combat contre le temps.

On dit que “l’architecture est une musique figée”. Alors Saint-Pierre de Beauvais, avec ses effondrements, ses silences et ses reprises, c’est peut-être une symphonie inachevée. Mais une symphonie qui résonne encore, huit siècles plus tard.

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