Timbre : 1965 GORGES DU TARN (LOZÈRE)

Perdues dans le relief tourmenté des Causses, les gorges du Tarn forment une sorte de cathédrale à ciel ouvert où se mêlent pierre, eau, lumière et silence.

Ce canyon naturel, sculpté pendant des millénaires par le Tarn entre les plateaux de Sauveterre et du Méjean, s’étire sur plus de cinquante kilomètres de méandres, d’à-pics vertigineux et d’à-coups géologiques. C’est tout sauf monotone : un jour, le regard se fige sur une falaise violacée, le lendemain sur une résurgence d’eau limpide qui surgit du calcaire. En haut, le « Point Sublime » offre une vue époustouflante. En bas, le spectacle change au gré du courant. Et parfois même, c’est le silence qui impressionne le plus — un silence plein, suspendu, presque sacré.

Il semble que les gorges du Tarn aient aussi leurs propres mythes. Par exemple, le château de La Caze, posé au bord de l’eau comme un décor de conte, rappelle l’histoire des huit filles du seigneur local, surnommées les "Nymphes du Tarn"... On se demande s’il n’en reste pas quelques échos dans les brumes du matin. Et si tu te laisses tenter par une descente en barque depuis La Malène, tu croiseras peut-être un batelier qui, tout en maniant sa gaffe, te racontera que la rivière s’enfonce dans les "Étroits" comme une flèche dans un carquois.

Aujourd’hui encore, malgré le tourisme (et quelques camping-cars parfois mal garés...), les gorges gardent leur pouvoir magnétique. Pas besoin d’artifice ici : le vert des mousses, le bleu du ciel, les ombres dansantes, les pierres blanches — tout est à sa place. Un vrai petit théâtre naturel, où l’on se sent minuscule mais vivant.

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