Timbre : 1965 EUROPA CEPT

Chaque mois de septembre depuis 1956, un petit symbole se glisse discrètement dans les enveloppes européennes : Europa, l’émission philatélique qui, timbre après timbre, tente de dessiner un continent uni... à défaut d’être toujours d’accord.

En 1965, on fête la dixième édition. Une date un peu magique dans l’inconscient collectif, le genre de moment où on se retourne pour voir ce qu’on a bâti. Et il y a de quoi regarder : d’un noyau de six pays (la fameuse CECA), on est passé à une vingtaine, rassemblés sous la bannière de la C.E.P.T., cette conférence qui chapeaute les Postes et Télécoms d’un continent en pleine recomposition. Autriche, Portugal, Turquie, même l’Islande ! (tiens, justement, c’est un artiste islandais — Hoerdur Karlsson — qui signe l’image du millésime 65 : un rameau à trois feuilles portant un fruit… allégorie sobre, mais chargée d’espoir).

Ce n’est pas rien, quand on y pense. À peine vingt ans après un continent dévasté, des nations s’associent pour imprimer ensemble une série annuelle de timbres. Pas juste un geste esthétique, mais un vrai message politique — discret, consensuel, élégant. Et puis symbolique, toujours. Le timbre de 1960 par exemple montrait une charpente commune, celui de 1962 une roue à rayons convergents... des idées en image, en somme.

Alors bien sûr, on est loin des grandes déclarations de Rome ou de Strasbourg. Mais l’air de rien, ces émissions Europa racontent à leur manière l’envie de faire bloc, de se parler, de se répondre. Une Europe par la Poste avant d’être une Europe politique. Bizarre, non ?

Et si, dans cinquante ans, on les relisait comme les archives visuelles d’un rêve commun ?

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