Timbre : 2025 ALEXANDRE GROTHENDIECK 1928-2014

Le 16 juin 2025, un drôle de clin d’œil sera lancé par La Poste à un génie farouche et insaisissable : Alexandre Grothendieck. Mathématicien de légende, militant farouche et ermite volontaire, il aura droit à son effigie sur un timbre — mais quel parcours, bon sang.

Grothendieck, né à Berlin en 1928, traverse les orages du XXᵉ siècle dès son enfance : un père anarchiste russe, une mère militante, la guerre, les camps d’internement… et au milieu de ça, un gosse qui tombe amoureux des mathématiques. Il en fera un langage neuf, quasi mystique, au point de bouleverser en profondeur toute la géométrie algébrique (rien que ça). En 1966, on lui remet la médaille Fields, équivalent du Nobel pour les matheux. Il ne va même pas la chercher. Trop occupé à réfléchir — ou à dénoncer, selon les jours.

Et puis, il se retire. D’abord du CNRS, ensuite du monde. La guerre du Vietnam l’ébranle ; il claque la porte de l’IHÉS en dénonçant le financement militaire de la recherche. Il devient végétarien, écologiste, puis s’isole totalement dans un village de l’Ariège. Là, il écrit, des milliers de pages, sur tout : Dieu, le mal, la science... Un manuscrit monumental dort encore dans ses cartons.

Ah, et une anecdote bizarre : à la fin de sa vie, il exige que toute mention de son œuvre soit retirée des bibliothèques. Peur d’être mal compris ? Repli mystique ? Allez savoir...

Alors pourquoi un timbre ? Peut-être pour rappeler qu’il existe une autre forme de génie : celle qui dit non, qui fuit la lumière et qui pense le monde à travers des équations — ou des silences. Et ça, franchement, ça mérite bien un petit rectangle de papier, non ?

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