Timbre : 2025 Sablier

Il suffit parfois d’un mince filet de sable pour mesurer l’infini. Le sablier, c’est un objet d’une simplicité déroutante : deux bulbes de verre, du sable dedans… et pourtant, il nous hypnotise depuis plus de 1 500 ans. Quand on l’observe, on entend presque le silence du temps.

Ce gadget venu probablement du Moyen Âge remplace alors les anciennes clepsydres à eau, trop capricieuses. Sur les bateaux, il indique le rythme des quarts ; dans les monastères, il ordonne les prières ; dans les cuisines, il surveille la cuisson des oeufs (oui, même les saints ont droit à une omelette). Tout le monde fait confiance à cette pluie miniature parfaitement calibrée.

On imagine le geste : on retourne le sablier. Ffffsshh. Les premiers grains chutent. Le sable glisse contre la paroi, se presse dans l’étroit couloir de verre, forme un petit mont qui s’écroule en continu. Une course sans bruit, mais à vitesse constante. C’est beau comme un poème physique. Et plus le sable s’écoule, plus on se surprend, l’espace d’une seconde, à vouloir retenir le temps du bout des doigts.

Puis arrivent les horloges, les montres, les téléphones… tout ce bazard moderne qui aime nous presser. Le sablier, lui, ne dit jamais « dépêche-toi ». Il dit au contraire : « regarde ». Il s’autorise même des pauses philosophiques : pas de lumière ? pas de temps, alors. Et si on ne le retourne pas… eh bien le monde continue de tourner sans lui.

Aujourd’hui, on le sort pour un jeu de société, une séance de méditation ou un rendez-vous en amoureux. Il garde une aura mystérieuse, comme si chaque grain transportait une micro-histoire. Pour certains, c’est un objet décoratif. Pour d’autres, un rappel que le temps se savoure, il ne se consomme pas.

Et si la vraie modernité, finalement, c’était de laisser le sable couler doucement ?

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